Du verbe Soit le verbe «je m’embarque»
Du verbe
Soit le verbe «je m’embarque»
Particulièrement irrégulier :
J’embarque
Tu bateau
Il navigue
Nous coulons
Vous nagez
Îles désertes.
Ne pas confondre «îles désertes»
Avec « ils déserts » du verbe «je chameau»
Ni avec «ils désertent» du verbe «je m’engage».
Raymond Queneau
Je et tu Se lient En vous Mon île Aime Tes ailes
Je et tu
Se lient
En vous
Mon île
Aime
Tes ailes
Et vous irez
Là
Où le vent
Nous mène
© Julien Hoquet
23 février 2018
Prélude.
Il est temps d'ouvrir les fenêtres. Le temps d'ouvrir le ban, d'ouvrir les bras.
Ouvrir les yeux.
Il est temps d'ouvrir les fenêtres J'ouvre ma
Il est temps d'ouvrir les fenêtres
J'ouvre ma fenêtre
Et le vent délicatement
Embrasse mes mains
Et les métamorphose
En plumes célestes
L’inouï m'engouffre
Ce monde est fantastique
Je regarde autour
Ce long glaçon
C'est la dent méchante
Qui revient d'hiver
Il se dégorge de son eau
C'est le sang du printemps
Et dans le ciel de mon rêve
Des oiseaux virevoltent
Un carouge sanguinaire
Pousse ses cris de guerre
Qui ne font peur à personne
Cherchant un boulin
Il va faire son nid
Loin des ennemies
Les corneilles d'Amérique
Se chamailleront encore
Avec les goélands à bec cerclé
Pour arracher au dépotoir
Quelques carcasses de souris noires
Moi je trépigne, mes doigts frétillent
Mon cœur m'a dessiné
Des ailes qui stridulent
Au bord du vertige
Enluné d'imaginaire
Je me languis et je guette
Je me vois, grand héron
Monté sur ses longues pattes
Arpentant le marais grenouillant
Épiant sa proie heureuse
La piquant de son bec
Il se l'envoie derrière la cravate qu'il n'a pas
Et déployant ses ailes démesurées
Déchirant les nuages en papier
Nous nous envolons par la fenêtre
© Julien Hoquet
Lames de glace Fracas du noir On entend les
Lames de glace
Fracas du noir
On entend les éclats
De la horde qui passe
Des rêves blancs aveuglants
Du printemps qui trépasse
Feuille esseulée à peine née
Déjà tombée toute automnée
Réveille-toi!
© Maria Ardouin
Comme à chaque fois, la lumière transpercera
Comme à chaque fois, la lumière transpercera l'opacité de l'hiver.
Les matins de glace piègeront la lumière dans leurs cristaux irisés et craqueront dans un dernier reflet, emportant nos doutes dans le courant du dégel.
© Ariane Adam
Réflexion du jour : mars en glace, printemps en
Réflexion du jour : mars en glace, printemps en verre.
© fw
La neige tombait comme aujourd’huiLes wagons dans
La neige tombait comme aujourd’hui
Les wagons dans un bruit de ferrailles
Résonnaient dans ses entrailles
La nuit tombait comme aujourd’hui
Comme toujours les chiens couraient après leur queue
Les chats comme toujours se cherchaient une chaumière
Les papillons faisaient des nœuds comme toujours
Les chenilles jouaient de l’accordéon comme toujours
Mais comme jamais son cœur se serrait d’émotion
Le ciel cachait mal sa honte et le train persiflait au loin
La fumée qui sortait des bâtiments puaient la chair humaine
La neige tombait comme aujourd’hui
La vie avait l'air ordinaire comme aujourd'hui
Tu étais habillée pareils aux autres
Sionistes, yiddish et même roms
Pieds nus comme le Christ
Semblables à tous ces supposés riches
Mais toi, que savais-tu de la nuit?
Tu croyais encore en paradis
Le talmud, la main de ta mère, la voix de ton père
Les dessins naïfs à la Maison Rouge
Tu ne savais pas
Que les miracles n’existent pas
T'es entrée dans la salle des derniers espoirs
La main de ta mère tremblait
Les papillons dessinaient des nœuds
Comme aujourd'hui
Les chenilles jouaient de l’accordéon
Comme aujourd'hui
Et le train repartait vide à chaque fois
La neige tombait comme aujourd’hui
Mais l'Histoire parfois laisse des silences
Que les cœurs ne peuvent cautériser
Que sur des aquarelles pleureuses
Ou des toiles hurlantes à donner la chair de poule
Et même avec le temps ordinaire qui batifole
Dans l’arrière boutique des consciences
On se chagrine à regarder tomber la neige
Mais parfois ce sont des pierres
Qui devraient nous tomber dessus...
© Julien Hoquet