Il est temps d'ouvrir les fenêtres J'ouvre ma
Il est temps d'ouvrir les fenêtres
J'ouvre ma fenêtre
Et le vent délicatement
Embrasse mes mains
Et les métamorphose
En plumes célestes
L’inouï m'engouffre
Ce monde est fantastique
Je regarde autour
Ce long glaçon
C'est la dent méchante
Qui revient d'hiver
Il se dégorge de son eau
C'est le sang du printemps
Et dans le ciel de mon rêve
Des oiseaux virevoltent
Un carouge sanguinaire
Pousse ses cris de guerre
Qui ne font peur à personne
Cherchant un boulin
Il va faire son nid
Loin des ennemies
Les corneilles d'Amérique
Se chamailleront encore
Avec les goélands à bec cerclé
Pour arracher au dépotoir
Quelques carcasses de souris noires
Moi je trépigne, mes doigts frétillent
Mon cœur m'a dessiné
Des ailes qui stridulent
Au bord du vertige
Enluné d'imaginaire
Je me languis et je guette
Je me vois, grand héron
Monté sur ses longues pattes
Arpentant le marais grenouillant
Épiant sa proie heureuse
La piquant de son bec
Il se l'envoie derrière la cravate qu'il n'a pas
Et déployant ses ailes démesurées
Déchirant les nuages en papier
Nous nous envolons par la fenêtre
© Julien Hoquet