(Sur Insomnie) Le Styx ourlé de neige oblique
(Sur Insomnie)
Le Styx ourlé de neige oblique
Charrie nos souvenirs
Etirés de noir, martelés de blanc.
Ceux qui passent
Laissent la place
A l'éternel avenir.
© Maria Ardouin
(Sur Insomnie)
Le Styx ourlé de neige oblique
Charrie nos souvenirs
Etirés de noir, martelés de blanc.
Ceux qui passent
Laissent la place
A l'éternel avenir.
© Maria Ardouin
(Sur Insomnie)
Insomnie
La neige était sale et la mariée était en noir. Le marié portait en sautoir le soleil noir de sa mélancolie.
Les invités en queue de pie scandaient :" Un p'tit noir au comptoir, un p'tit noir au comptoir..." en buvant du Black and White.
"C'est l'heure des dominos" dit l'un d'entre-eux effeuillant un dahlia noir.
"Pour ça il nous faut le mot de passe".
" Le parfum de la dame en noir" répondit un pierrot dégingandé qui dégustait un blanc-manger.
Les dominos claquaient sur un rythme en deux temps: clac-clac, clac-clac, clac-clac.
Clac-clac, clac-clac... Le volet décroché me réveille et me libère de mon cauchemar en blanc et noir.
Pardon à G. Simenon, G. Leroux, G. de Nerval, J. Ellroy.
© Ariane Adam
(Sur Je peins la neige)
Les pigeons d’Hélène
écrivent des poèmes chinois
sur la neige immaculée de mon cœur
Mais les neiges urbaines, les neiges urbaines …
Les neiges urbaines
sont neige blanche et neige grise
Neige jaune et neige rose
Les neiges urbaines sont les empreintes
de notre geste quotidienne
Les neiges des villes
c'est aussi la sloche sale
piétinée aux abris d’autobus
par la foule des impatients
Les neiges des villes
c'est aussi neige des jeux d’enfants
remparts de glace et balles de neige
des cours d’école prisent d’assaut
Mais les neiges urbaines c'est encore
neige virginale des parterres d’église
Tel un vitrail ajouté un matin d’hiver
par un espiègle rayon de soleil
Neiges urbaines
comme ces diamants tombés du ciel
sur des trottoirs saupoudrés du sel des Îles
ou de l’épandage des rocailles de montagne
Les neiges urbaines sont aussi
neiges noires des villes suffocantes
sous les dioxydes de carbone
Neigeant les vents de chien
Pour vous mordre avec rage
Mais ces neiges urbaines sont miennes
elles m’appellent et je vais m’y promener
en récitant des poèmes chinois, en chantant ou en priant…
© Julien Hoquet
Pierre Soulages, 100 ans : « Je peins la neige »
« Je reviens à la charge sur ces années de la guerre et de l’avant-guerre, sur le contexte culturel, provincial… Comment pouvait-on prendre, dans ce contexte, la décision de faire de la peinture ? Et à partir de quoi la prenait-on ? Quelle connaissance, j’y reviens, pouvait-on y avoir de la peinture moderne…
Je répondrai par une anecdote, en remontant, bien au-delà des années 40, à l’époque où j’avais dix ans, peut-être huit. Je traçais à l’encre des traits noirs sur du papier blanc. Une amie de ma sœur, plus âgée que moi de quinze ans, me voyant appliqué à cette besogne m’a gentiment demandé ce que je faisais. Pris de court, je lui ai répondu : un paysage de neige ! Je revois encore son visage horrifié. Ce n’était pas de ma part de la provocation mais, plus simplement, de la naïveté. Je ne voulais ni me singulariser, ni paraître original. Ce que je faisais effectivement c’était un paysage de neige. Je crois me souvenir, mais je me méfie des souvenirs aussi lointains… Cependant, je suis persuadé que, ce que je cherchais, c’était le blanc du papier qui s’illuminait et devenait aussi éblouissant que la neige grâce à mes traits noirs. Et, malgré ce noir d’encre ou plutôt grâce à ce noir, ce dessin était vraiment pour moi un paysage de neige. »
Pierre Soulages, entretien avec Bernard Ceysson
Pierre-soulages.com
Peinture, 1947-3, H. 74, L. 47,5 cm
Insomnie
Neige blanche dans nuit noire ou neige noire dans nuit blanche ?
© fw
(Sur La neige dans la peinture européenne)
Une pie, tant pis
Ah! Qu'en sais-je?
Sur une clôture
Portée de solfège
Où bientôt
Pointeront peut-être
Deux pies et ce sera tant mieux
Ainsi tombera l'arpège
Sur les pas du peintre
Vais-je?
Laisser quelques empreintes
Où dansera le cortège
D'ombres cobalts
Et de lumières fabuleuses
Dussé-je?
Instantanément de ce piège
Révéler l'impression douloureuse
La pie bavarde
Quand son gosier s'étrangle
Ô sacrilège
En ce jardin enneigé
Si frêle
Qui ne s'allègent
Que de ces jacassements
Alors, qu'aurais-je?
Si elle picote mon cœur
Et ses ombelles glacées
Des flamboyantes Norvège
Une pie bavarde
Dans la neige
Que n'ai-je?
Deux pies qui chanteront
Encore au printemps
De tous mes sortilèges
© Julien Hoquet
La neige dans la peinture européenne
Les dessous du visible
(Sur L’arbre et la neige)
Claude, Camille, Jean, Auguste...et les autres.
- Dis Claude, t'as vraiment fait çà?
- Ben ouais...
-Tu ne vas pas l'exposer quand même?
- Ben...Si.
- Qu'est-ce qu'il t'a pris?
- J'avais perdu mes couleurs.
- Ah! Ça peut expliquer. Mais n'empêche ça surprend. Les habitués vont
devoir s'habituer
- Moi, je ne trouve pas ça mal, ça change
-Ah, pour changer, ça change, c'est bien ce que je disais. Franchement
Auguste, tu ne te mouilles jamais.
- Camille, tu ne dis rien, t'en penses quoi?
- Bof, moi tu sais, le noir et blanc… Mais avec du recul et sous un certain
angle...
- Bon sang dis ce que tu penses pour une fois!
- Je dis que Sainte Victoire, çà c'est quelque chose.
- On ne parle pas de Sainte Victoire. Paul est absent et on ne parle pas des
absents. On parle de cet arbre, dernière oeuvre surprenante de notre ami
Claude.
- Et tu comptes l'appeler comment s'il te plaît?
- " Impression arbre noir en blanc".
- J'ai comme une impression de déjà entendu.
© Ariane Adam
(Sur L’arbre et la neige)
Un arbre ouvre ses bras
À la neige
Une caresse glacée
Qui s'encolle à ses branches
Une peau immaculée
Qui poudre son squelette
© Julien Hoquet
(Sur L’arbre et la neige)
L'arbre-paon fait la roue
Dans une pluie de duvet
La grande roue de Noël
Fait tourner la forêt.
© Maria Ardouin